Vendredi soir dernier, après une journée de boulot bien remplie et une farouche envie de transformer mon cerveau en sauce blanche, je me suis affalé devant la télé, bien décidé à ne me remettre en position verticale qu’une fois ma tête totalement vidée de tout contenu digne d’intêret. Mes prières ayant été entendues, je suis tombé sur la soirée de rentrée de la Star Academy sur TF1
Quel ne fut pas mon plaisir de retrouver l’inénarrable Nickos Aliagas, entouré pour l’occasion de l’ensemble des ‘professeurs’ du château ainsi que du nouveau directeur de la promo : Gérard Louvain. Etaient également présent sur le plateau de la StarAc’ ce soir-là Jenifer, la gagnante de la première saison, tellement bourrée de cocaïne qu’elle n’en a pas décroché un mot de la soirée, ainsi que le parrain de la 4ème promotion : l’immense, le magnifique, le très mégalomaniaque Michel Sardou. Il fallait voir la mine déconfite de ce lot de jeunes ex-futurs célébrités lorsque le bon Michel les abreuva de ses interminables conseils pseudo-professionnels, c’était digne du dîner de cons
Pourtant, là n’était pas le mieux (pire). Car c’est bien au niveau de la sélection des candidats que TF1 a véritablement fait fort pour cette rentrée 2004.
La chaîne a en effet pris soin de réunir sur le plateau à peu près un échantillon amateur de chaque sous-produit de ce que la variété française fait de pire. La présence de Pascal Nègre, président de la major du disque Universal Music France et (donc) âpre défenseur de la ghettoïsation musicale, n’était d’ailleurs sûrement pas étrangère à cela...
Reste qu’étaient donc réunis ce soir-là (je cite pèle-mèle) : un rappeur caillera pseudo-US, un mâle à la voix grave tendance Garou, un beau brun ténébreux rockeur-mais-romantique à la Kyo, une djeun’s imprégnée de R’n’B à la Leslie (Montes’ en force, comprenne qui pourra), une intello lyrique coincée, une petite jeunette popisante, une chanteuse ‘à voix’ version Hélène Ségara, deux ou trois ersatz de rebus de boys-band musculeux et gominés, une blonde rebello-comique à la Linda Lemay et, last but not least, une jet-setteuse hard-rockeuse de Saint Tropez qui n’est autre que la fille de (accrochez-vous à votre siège) Frédérique François, l’inoubliable interprète de « je te survivrai » !
Moi je dis, à ce niveau là de compétition, même M6 ne peut plus lutter. Reste que parvenir à réunir aussi peu d’originalité et de talent dans une seule et même promotion n’a pas du être facile, je pense que la performance du jury de sélection doit ici être saluée comme il se doit...
Au-delà des simples considérations d’ordre artistique, on remarquera au passage que cette promotion constitue également ce qu’on peut faire de mieux en terme de politiquement correct basique et imbécile. TF1 a ainsi veillé à tirer les leçons de l’année dernière, lorsque la jeune et jolie Sofia s’était vu privée de finale au profit de la blonde Elodie, alias 2 de Q.I. Du coup, c’est cette fois-ci en tout et pour tout 6 jeunes d’origine étrangère qui ont été réunis dans le château, histoire de multiplier les chances d’en voir au moins un(e) arriver en finale.
Dans la lutte contre l’intolérance et la xénophobie, TF1 a donc choisi la méthode forte, tendance marteau et burin, le tout rappelant vaguement les grandes heures de l’ère Brejnev

Si l’intention de la chaîne est tout à fait louable (ne vous méprenez pas sur mon propos : il est vrai que les minorités sont largement sous-représentées à la télévision française

), la méthode est quant à elle tellement caricaturale et dénuée de toute finesse que ça en devient carrément ridicule, voire offensant. C’est bien simple, à côté des quotas appliqués par TF1, même le plus chaud partisan de l’affirmative action à l’américaine passerait pour un ségrégationniste. Mais bon, demander à TF1 de faire preuve de tact et de finesse, c’est comme essayer de se lécher le coude : on rêve que c’est possible, on y croit presque, mais en fait non....
Bon, allez, j’arrête de cracher mon venin ici. J’ai apporté ma pierre à l’édifice de l’opposition à la télé poubelle tout en faisant preuve au passage d’une certaine forme d’hypocrisie

J’en suis bien conscient, rassurez-vous, mais ça fait tellement de bien de pouvoir se lâcher comme ça que ça méritait bien de se gâcher une soirée...
Allez, promis, j’arrête de regarder des émissions rien que pour les critiquer ensuite

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