par Kynerion » 14 juin 2005, 21:23
BB sort demain. ^^
Nos amis du Monde (le journal, le grand journal super respecté et super chiant à lire mais indispensable pour réussir ses études de droit mais je l'ai jamais fait), publie une critique du film. Je vous l'annonce, elle n'est pas élogieuse. Et même, je vous la relate ici:
Batman, super-héros sans pouvoir, mis à nu et fauché en vol
Amis batmanophiles, préparez-vous à une triste nouvelle : "Batman Begins", le film qui prétend dévoiler la genèse de votre super-héros préféré, cloue en vérité l'homme chauve-souris dans un cercueil plombé. Après de brillants débuts sous l'égide de Tim Burton ("Batman" en 1989, suivi de "Batman, le défi", en 1992), puis une progressive baisse de régime avec ses successeurs ("Batman Forever", "Batman et Robin", de Joel Schumacher, "Catwoman", de Pitof), la série des adaptations cinématographiques du héros de bande dessinée créé par Bob Kane en 1939 trouve donc en Christopher Nolan, auteur des thrillers remarqués "Memento" et "Insomnia", son véritable fossoyeur.
La raison en est très simple, et d'ailleurs très clairement formulée par le réalisateur dans le dossier de presse du film : "Il y a quelques lacunes fascinantes dans cette mythologie, que nous avons déchiffrées et comblées à notre façon pour expliquer à la fois l'évolution de Bruce et celle de Batman." Batman Begins s'applique donc à lever tous les mystères de ce super-héros, qui en avait moins besoin que tout autre puisque sa caractéristique consiste à ne pas être doté de super-pouvoirs. Cette mise à nu lui sera plus dommageable que tous ses ennemis réunis.
L'ineptie du postulat - prétendre divertir les gens quand on n'a pas compris que le mystère demande à être entretenu plutôt que dévoilé - se double en effet de la manière calamiteuse dont il est mis en oeuvre. Tout y passe. Bimbeloterie psychanalytique (la peur du héros, liée à un traumatisme d'enfance, explique son comportement), tarte à la crème du cinéma d'action contemporain (ses années de formation au combat ninja en Asie), pathétique souci de réalisme (comment il a construit sa voiture et dessiné son masque).
Voici pour la première partie, qui prétend faire la lumière sur la manière dont le jeune Bruce Wayne, héritier d'une des plus grosses fortunes de Gotham City, s'est transformé en justicier combattant la pègre. Une heure plus tard, commence la seconde partie du film, qui met conséquemment en scène la première aventure de Batman.
ACTION ASSOMMANTE
Il y est opposé à Ducard (Liam Neeson), le mentor de ses années de formation, qui s'avère un fou furieux obnubilé par l'intégrité et bien décidé à anéantir la ville pour ses turpitudes. Débarrassé des quelques subtilités psychologiques de son ouverture, ce second mouvement est entièrement dévolu à l'action, dans sa déclinaison la plus assommante.
La fantaisie, l'inventivité et le sex-appeal des épisodes burtoniens cèdent définitivement la place à la pure accumulation et surenchère des effets, que l'interprétation monolithique de Christian Bale dans le rôle-titre ne contribue pas particulièrement à alléger.
On dirait une méchante critique de moi, dans un style plus relevé (
Bimbeloterie psychanalytique, moi j'utilise pas ça :blink:).
De l'autre côté de la rive, le journal "La libre Belgique" (je ne sais pas si c'est Le Monde de chez eux), n'a pas le même venin dans la plume.
Christopher Nolan redonne corps et psychose au Dark Knight sous les traits de Christian Bale
«Pourquoi tombe-t- on?» interroge Alfred, le fidèle serviteur de la famille Wayne. «Afin de pouvoir se relever.» Après que Joel Schumacher l'eut transformé en super Eros kitsch, Batman a été précipité près de huit ans au purgatoire cinématographique pour se refaire une virginité. Mais faire renaître le caped crusader n'était pas pari facile. La Warner a envisagé toutes les recettes possibles, des bouchées doubles - l'improbable «Batman vs. Superman» par Wolfgang Petersen - au flan - Clint Eastwood en vengeur retraité reprenant le flambeau façon «Dark Knight Returns» de Frank Miller - en évitant la daube salée - Colin Farrell évoqué un temps.In fine, la résurrection aura été confiée à un tandem musclé: le réalisateur Christopher Nolan («Memento»... d'excellente mémoire) et le scénariste David S.Goyer (habitué aux héros de BD noctambules tels «The Crow» ou «Blade»). Et le résultat, quoiqu'imparfait, a le mérite de redonner des ailes au vengeur masqué créé en 1939 par Bob Kane. Le titre l'indique: on efface tout et on recommence tout. Oubliée la kitschissime série des années 60, digéré l'univers gothique de Tim Burton, balayée les vaudevilles des deux Schumacher. Voici un nouveau Batman, noir et réaliste.
BATMAN, HÉROS? BIN...
Témoin enfant de l'assassinat de ses richissimes parents, bienfaiteurs de Gotham City, Bruce Wayne (Christian Bale) tourmenté entre son désir de vengeance et sa volonté absolue de justice, s'enfuit à l'âge adulte pour trouver sa voie au bout du monde. C'est sous la coupe de Ra's Al Ghul (Ken Watanabe) et de sa Ligue des Ombres, sorte de confrérie de justiciers dirigée par Henri Ducard (Liam Neeson), que le jeune héritier va devenir un expert en close combat et apprendre à exploiter ses propres peurs et celles des criminels comme une arme.Fidèle à lui-même, Christopher Nolan privilégie aux délires comic o-visuels l'angle psychologique du Chevalier à la sombre figure. Du coup, les méchants ne lui volent plus la vedette (pas un seul grand nom - quoique - pour les incarner), au risque de paraître quelque peu inconsistants et de décevoir les amateurs de voltige et de bastonnades: il faut trois quarts d'heure avant de voir apparaître le Batman et Nolan donne l'impression d'être aussi préoccupé par les scènes d'action que Batman (période Adam West) par ses premiers collants (Bale, lui, enfile du kevlar).
AMERICAN PSYCHO
Mais les qualités de ce (re) commencement sont ailleurs. Dans l'interprétation de Christian Bale, d'abord. On ne pouvait rêver mieux que l'ex-American Psycho, regonflé à bloc au propre comme au figuré dans la foulée du «Machiniste», pour incarner cette projection d'une Amérique ambivalente face au recours à une violence qui est aussi un de ses fondements.
Autour de lui, la distribution est impressionnante. Malgré des effets faciles (Liam Neeson rejouant sa partition de maître sabreur façon Qui-Gon Jinn, Morgan Freeman en sorte de «Q» de James Bond, pour démystifier tous les gadgets) ou de mode (Katie Holmes, dont les amours surexposées profitent à la notoriété du film, ou Cillian Murphy au joli minois un peu fade), celle-ci ménage aussi de bonnes surprises avec notamment un toujours délectable Michael Caine en faire-valoir de classe dans le rôle du majordome Alfred, un sobre Gary Oldman en Jim Gordon, le policier intègre, et un Rutger Hauer trop policé pour être honnête.
En quête de réalisme pour son univers, Nolan évite encore les oripeaux kitsch des derniers opus et les afféteries numériques trop tendance, réinventant une Gotham City plus chicagolaise que burtonienne, avec ses bas-fonds entre Dickens et Ellroy. Ne manquait qu'un joker pour emporter totalement la mise. On l'annonce à la fin. Ce sera sans doute pour la suite.
Et comme je ne suis pas du genre à respecter les règles de l'équité (ou égalité, ou je ne sais quoi), voici le crachat de Karine Barzegar, journaliste au Nouvel Observateur, qui recèle quelques méchancetés bien senties donc je ne manquerai pas de m'inspirer. Surtout si j'aime le film... :rolleyes:
«Batman Begins»: le super-héros perd sa part d'ombre --par Karine G. Barzegar--
PARIS (AP) -- L'affiche dévoilait l'homme chauve-souris dans sa cape noire, silhouette irréelle se détachant sur le ciel de Gotham City, promesse d'un film sombre et gothique, à la hauteur des deux premiers «Batman» réalisés par Tim Burton.
Après les échecs des deux Batman sous la direction de Joel Schumacher, les studios Warner souhaitaient en effet redonner du souffle à la saga Batman en confiant le cinquième volet à Christopher Nolan.
Mais le cinéaste n'a rien compris. Ni aux super-héros, ni aux super-méchants. Ni aux comics, ni au cinéma du genre. Au lieu d'attiser la légende Batman sur grand écran, le réalisateur de «Mémento» et d' «Insomnia» -deux réussites- s'est appliqué à dynamiter, image après image, tout le mystère qui entoure les personnages de DC Comics, avec pour seule arme l'ultra-réalisme.
Résultat: mercredi dans les salles en France, avec «Batman Begins», c'est un Batman dépouillé de sa part d'ombre qui agonise sur l'écran, sous les traits glacés de l'acteur Christian Bale.
Depuis cette nuit tragique où ses parents ont été tués dans une ruelle mal famée de Gotham City, le jeune Bruce, héritier de la fortune des Wayne, n'a qu'une idée en tête: venger la mort des siens et punir les criminels de sa ville.
Lorsqu'il atteint sa majorité, le jeune homme, rongé par la colère et la culpabilité, décide de partir en voyage pour étancher sa soif de vengeance et trouver un moyen de lutter contre le mal et l'injustice.
Emprisonné dans une geôle chinoise, il vient à rencontrer un nommé Ducard (Liam Neeson) qui l'initie aux disciplines physiques et mentales nécessaires à son futur combat. Bientôt, son mentor l'invite à rejoindre la Ligue des Ombres, une puissante organisation adepte d'une justice expéditive, dirigée par l'énigmatique Ra's Al Ghul.
De retour à Gotham, Bruce retrouve une ville en décomposition, ravagée par le crime et la corruption. Autrefois à vocation philanthropique, la firme de son père, Wayne Enterprises, est tombée entre les mains d'un homme d'affaires cynique, Richard Earle (Rutger Hauer).
Quant à Rachel Dawes (Katie Holmes), son amie d'enfance devenue substitut du procureur, elle se heurte à un système judiciaire manipulée par des crapules telles que le mafieux Carmine Falcone (Tom Wilkinson) ou son âme damnée, le Dr. Jonathan Crane (Cillian Murphy), directeur de l'asile d'aliénés d'Arkham.
Avec l'aide de son fidèle maître d'hôtel, Alfred (Michael Caine), et de Lucius Fox (Morgan Freeman), responsable du département des Sciences appliquées de Wayne Enterprises, Bruce décide alors de se fabriquer un terrifiant alter ego, Batman, pour combattre la criminalité...
Là où l'on s'attendait à des aventures de Batman, il n'y a qu'un documentaire sur Bruce Wayne. Là où l'on espérait la malice de Michael Keaton, le charme de Val Kilmer, le charisme de George Clooney, il n'y a que la fadeur bouffie de Christian Bale. Là où l'on imaginait les origines de Batman révélées par bribes, il y a des explications sur tout, de l'enfance à l'âge adulte, le diagnostic psychologique en prime.
Résultat: Christopher Nolan vole à Batman sa part d'ombre. Il subtilise au super-héros son essence. Il le dépouille de son pouvoir de fascination, ne lui laissant qu'une cape en Kevlar et une Batmobile aussi barbare qu'une Humvee de l'US Army.
La première heure du film s'acharne à suivre la formation de Bruce Wayne chez Ra's Al Ghul, dans un mélange indigeste d'arts martiaux et d'initiation de Jedi, impression accentuée par la présence de Liam Neeson, alias Qui-Gon Jinn dans «Star Wars».
Pour le reste, ni la noirceur des décors et ni l'excellence des acteurs, dont l'inquiétant Cillian Murphy, ne parviennent à sublimer ce Batman, plombé par le réel et l'ordinaire.
Les spectateurs les plus rationnels apprécieront sans doute que les cases soient cochées, les aspérités gommées, les invraisemblances supprimées. Les autres pourront chercher refuge dans le Gotham City de Tim Burton, un cinéaste qui n'a jamais sacrifié le rêve et l'imagination sur l'autel du réalisme à tout prix. AP
Votre verdict à vous, prochainement, dans ces colonnes. ^^
BB sort demain. ^^
Nos amis du Monde (le journal, le grand journal super respecté et super chiant à lire mais indispensable pour réussir ses études de droit mais je l'ai jamais fait), publie une critique du film. Je vous l'annonce, elle n'est pas élogieuse. Et même, je vous la relate ici:
[quote]Batman, super-héros sans pouvoir, mis à nu et fauché en vol
Amis batmanophiles, préparez-vous à une triste nouvelle : "Batman Begins", le film qui prétend dévoiler la genèse de votre super-héros préféré, cloue en vérité l'homme chauve-souris dans un cercueil plombé. Après de brillants débuts sous l'égide de Tim Burton ("Batman" en 1989, suivi de "Batman, le défi", en 1992), puis une progressive baisse de régime avec ses successeurs ("Batman Forever", "Batman et Robin", de Joel Schumacher, "Catwoman", de Pitof), la série des adaptations cinématographiques du héros de bande dessinée créé par Bob Kane en 1939 trouve donc en Christopher Nolan, auteur des thrillers remarqués "Memento" et "Insomnia", son véritable fossoyeur.
La raison en est très simple, et d'ailleurs très clairement formulée par le réalisateur dans le dossier de presse du film : "Il y a quelques lacunes fascinantes dans cette mythologie, que nous avons déchiffrées et comblées à notre façon pour expliquer à la fois l'évolution de Bruce et celle de Batman." Batman Begins s'applique donc à lever tous les mystères de ce super-héros, qui en avait moins besoin que tout autre puisque sa caractéristique consiste à ne pas être doté de super-pouvoirs. Cette mise à nu lui sera plus dommageable que tous ses ennemis réunis.
L'ineptie du postulat - prétendre divertir les gens quand on n'a pas compris que le mystère demande à être entretenu plutôt que dévoilé - se double en effet de la manière calamiteuse dont il est mis en oeuvre. Tout y passe. Bimbeloterie psychanalytique (la peur du héros, liée à un traumatisme d'enfance, explique son comportement), tarte à la crème du cinéma d'action contemporain (ses années de formation au combat ninja en Asie), pathétique souci de réalisme (comment il a construit sa voiture et dessiné son masque).
Voici pour la première partie, qui prétend faire la lumière sur la manière dont le jeune Bruce Wayne, héritier d'une des plus grosses fortunes de Gotham City, s'est transformé en justicier combattant la pègre. Une heure plus tard, commence la seconde partie du film, qui met conséquemment en scène la première aventure de Batman.
ACTION ASSOMMANTE
Il y est opposé à Ducard (Liam Neeson), le mentor de ses années de formation, qui s'avère un fou furieux obnubilé par l'intégrité et bien décidé à anéantir la ville pour ses turpitudes. Débarrassé des quelques subtilités psychologiques de son ouverture, ce second mouvement est entièrement dévolu à l'action, dans sa déclinaison la plus assommante.
La fantaisie, l'inventivité et le sex-appeal des épisodes burtoniens cèdent définitivement la place à la pure accumulation et surenchère des effets, que l'interprétation monolithique de Christian Bale dans le rôle-titre ne contribue pas particulièrement à alléger.[/quote]
On dirait une méchante critique de moi, dans un style plus relevé ([i]Bimbeloterie psychanalytique[/i], moi j'utilise pas ça :blink:).
De l'autre côté de la rive, le journal "La libre Belgique" (je ne sais pas si c'est Le Monde de chez eux), n'a pas le même venin dans la plume.
[quote]Christopher Nolan redonne corps et psychose au Dark Knight sous les traits de Christian Bale
«Pourquoi tombe-t- on?» interroge Alfred, le fidèle serviteur de la famille Wayne. «Afin de pouvoir se relever.» Après que Joel Schumacher l'eut transformé en super Eros kitsch, Batman a été précipité près de huit ans au purgatoire cinématographique pour se refaire une virginité. Mais faire renaître le caped crusader n'était pas pari facile. La Warner a envisagé toutes les recettes possibles, des bouchées doubles - l'improbable «Batman vs. Superman» par Wolfgang Petersen - au flan - Clint Eastwood en vengeur retraité reprenant le flambeau façon «Dark Knight Returns» de Frank Miller - en évitant la daube salée - Colin Farrell évoqué un temps.In fine, la résurrection aura été confiée à un tandem musclé: le réalisateur Christopher Nolan («Memento»... d'excellente mémoire) et le scénariste David S.Goyer (habitué aux héros de BD noctambules tels «The Crow» ou «Blade»). Et le résultat, quoiqu'imparfait, a le mérite de redonner des ailes au vengeur masqué créé en 1939 par Bob Kane. Le titre l'indique: on efface tout et on recommence tout. Oubliée la kitschissime série des années 60, digéré l'univers gothique de Tim Burton, balayée les vaudevilles des deux Schumacher. Voici un nouveau Batman, noir et réaliste.
BATMAN, HÉROS? BIN...
Témoin enfant de l'assassinat de ses richissimes parents, bienfaiteurs de Gotham City, Bruce Wayne (Christian Bale) tourmenté entre son désir de vengeance et sa volonté absolue de justice, s'enfuit à l'âge adulte pour trouver sa voie au bout du monde. C'est sous la coupe de Ra's Al Ghul (Ken Watanabe) et de sa Ligue des Ombres, sorte de confrérie de justiciers dirigée par Henri Ducard (Liam Neeson), que le jeune héritier va devenir un expert en close combat et apprendre à exploiter ses propres peurs et celles des criminels comme une arme.Fidèle à lui-même, Christopher Nolan privilégie aux délires comic o-visuels l'angle psychologique du Chevalier à la sombre figure. Du coup, les méchants ne lui volent plus la vedette (pas un seul grand nom - quoique - pour les incarner), au risque de paraître quelque peu inconsistants et de décevoir les amateurs de voltige et de bastonnades: il faut trois quarts d'heure avant de voir apparaître le Batman et Nolan donne l'impression d'être aussi préoccupé par les scènes d'action que Batman (période Adam West) par ses premiers collants (Bale, lui, enfile du kevlar).
AMERICAN PSYCHO
Mais les qualités de ce (re) commencement sont ailleurs. Dans l'interprétation de Christian Bale, d'abord. On ne pouvait rêver mieux que l'ex-American Psycho, regonflé à bloc au propre comme au figuré dans la foulée du «Machiniste», pour incarner cette projection d'une Amérique ambivalente face au recours à une violence qui est aussi un de ses fondements.
Autour de lui, la distribution est impressionnante. Malgré des effets faciles (Liam Neeson rejouant sa partition de maître sabreur façon Qui-Gon Jinn, Morgan Freeman en sorte de «Q» de James Bond, pour démystifier tous les gadgets) ou de mode (Katie Holmes, dont les amours surexposées profitent à la notoriété du film, ou Cillian Murphy au joli minois un peu fade), celle-ci ménage aussi de bonnes surprises avec notamment un toujours délectable Michael Caine en faire-valoir de classe dans le rôle du majordome Alfred, un sobre Gary Oldman en Jim Gordon, le policier intègre, et un Rutger Hauer trop policé pour être honnête.
En quête de réalisme pour son univers, Nolan évite encore les oripeaux kitsch des derniers opus et les afféteries numériques trop tendance, réinventant une Gotham City plus chicagolaise que burtonienne, avec ses bas-fonds entre Dickens et Ellroy. Ne manquait qu'un joker pour emporter totalement la mise. On l'annonce à la fin. Ce sera sans doute pour la suite.[/quote]
Et comme je ne suis pas du genre à respecter les règles de l'équité (ou égalité, ou je ne sais quoi), voici le crachat de Karine Barzegar, journaliste au Nouvel Observateur, qui recèle quelques méchancetés bien senties donc je ne manquerai pas de m'inspirer. Surtout si j'aime le film... :rolleyes:
[quote]«Batman Begins»: le super-héros perd sa part d'ombre --par Karine G. Barzegar--
PARIS (AP) -- L'affiche dévoilait l'homme chauve-souris dans sa cape noire, silhouette irréelle se détachant sur le ciel de Gotham City, promesse d'un film sombre et gothique, à la hauteur des deux premiers «Batman» réalisés par Tim Burton.
Après les échecs des deux Batman sous la direction de Joel Schumacher, les studios Warner souhaitaient en effet redonner du souffle à la saga Batman en confiant le cinquième volet à Christopher Nolan.
Mais le cinéaste n'a rien compris. Ni aux super-héros, ni aux super-méchants. Ni aux comics, ni au cinéma du genre. Au lieu d'attiser la légende Batman sur grand écran, le réalisateur de «Mémento» et d' «Insomnia» -deux réussites- s'est appliqué à dynamiter, image après image, tout le mystère qui entoure les personnages de DC Comics, avec pour seule arme l'ultra-réalisme.
Résultat: mercredi dans les salles en France, avec «Batman Begins», c'est un Batman dépouillé de sa part d'ombre qui agonise sur l'écran, sous les traits glacés de l'acteur Christian Bale.
Depuis cette nuit tragique où ses parents ont été tués dans une ruelle mal famée de Gotham City, le jeune Bruce, héritier de la fortune des Wayne, n'a qu'une idée en tête: venger la mort des siens et punir les criminels de sa ville.
Lorsqu'il atteint sa majorité, le jeune homme, rongé par la colère et la culpabilité, décide de partir en voyage pour étancher sa soif de vengeance et trouver un moyen de lutter contre le mal et l'injustice.
Emprisonné dans une geôle chinoise, il vient à rencontrer un nommé Ducard (Liam Neeson) qui l'initie aux disciplines physiques et mentales nécessaires à son futur combat. Bientôt, son mentor l'invite à rejoindre la Ligue des Ombres, une puissante organisation adepte d'une justice expéditive, dirigée par l'énigmatique Ra's Al Ghul.
De retour à Gotham, Bruce retrouve une ville en décomposition, ravagée par le crime et la corruption. Autrefois à vocation philanthropique, la firme de son père, Wayne Enterprises, est tombée entre les mains d'un homme d'affaires cynique, Richard Earle (Rutger Hauer).
Quant à Rachel Dawes (Katie Holmes), son amie d'enfance devenue substitut du procureur, elle se heurte à un système judiciaire manipulée par des crapules telles que le mafieux Carmine Falcone (Tom Wilkinson) ou son âme damnée, le Dr. Jonathan Crane (Cillian Murphy), directeur de l'asile d'aliénés d'Arkham.
Avec l'aide de son fidèle maître d'hôtel, Alfred (Michael Caine), et de Lucius Fox (Morgan Freeman), responsable du département des Sciences appliquées de Wayne Enterprises, Bruce décide alors de se fabriquer un terrifiant alter ego, Batman, pour combattre la criminalité...
Là où l'on s'attendait à des aventures de Batman, il n'y a qu'un documentaire sur Bruce Wayne. Là où l'on espérait la malice de Michael Keaton, le charme de Val Kilmer, le charisme de George Clooney, il n'y a que la fadeur bouffie de Christian Bale. Là où l'on imaginait les origines de Batman révélées par bribes, il y a des explications sur tout, de l'enfance à l'âge adulte, le diagnostic psychologique en prime.
Résultat: Christopher Nolan vole à Batman sa part d'ombre. Il subtilise au super-héros son essence. Il le dépouille de son pouvoir de fascination, ne lui laissant qu'une cape en Kevlar et une Batmobile aussi barbare qu'une Humvee de l'US Army.
La première heure du film s'acharne à suivre la formation de Bruce Wayne chez Ra's Al Ghul, dans un mélange indigeste d'arts martiaux et d'initiation de Jedi, impression accentuée par la présence de Liam Neeson, alias Qui-Gon Jinn dans «Star Wars».
Pour le reste, ni la noirceur des décors et ni l'excellence des acteurs, dont l'inquiétant Cillian Murphy, ne parviennent à sublimer ce Batman, plombé par le réel et l'ordinaire.
Les spectateurs les plus rationnels apprécieront sans doute que les cases soient cochées, les aspérités gommées, les invraisemblances supprimées. Les autres pourront chercher refuge dans le Gotham City de Tim Burton, un cinéaste qui n'a jamais sacrifié le rêve et l'imagination sur l'autel du réalisme à tout prix. AP[/quote]
Votre verdict à vous, prochainement, dans ces colonnes. ^^